Une anomalie du gène MDR dangereuse pour les chiens de berger

Malgré son nom, il n’y a pas de quoi rire : le gène MDR peut présenter, chez le chien de berger, comme le Colley, une anomalie dangereuse, rendant certains médicaments toxiques pour lui.

TOXIQUE. Chez certaines races de chiens de berger, une mutation au sein du gène MDR (pour Multi-Drug Resistance) est responsable d’une anomalie dangereuse  : elle rend toxiques plusieurs produits vétérinaires, dont de simples antiparasitaires. Une hypersensibilité qui s’explique par le blocage d’une sorte de pompe, au niveau de la barrière hémato-encéphalique. Cette pompe est censée capter les molécules médicamenteuses qui sont arrivées dans le liquide céphalorachidien et le rejeter dans le sang d’où elles sont arrivées. Sans cette pompe, ces molécules ne peuvent faire le chemin retour. Ainsi, elles se trouvent en concentration trop importante dans le liquide céphalorachidien, où elles peuvent être à l’origine d’une neurotoxicité.

Pour chaque race de chien de berger concernée, comme le Colley, le site collie-online.com propose une étiquette à coller dans le carnet de santé du chien, afin de rappeler au vétérinaire soignant l’animal que certaines molécules médicamenteuses sont toxiques et potentiellement mortelles pour lui, et donc à proscrire.

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10 races de chiens concernées

En 1983, des chercheurs américains ont mis en évidence la toxicité, chez des Colleys, d’un produit antiparasitaire, l’ivermectine. Pour voir si d’autres chiens pouvaient avoir cette hypersensibilité, une équipe de l’université de californie a étudié un échantillon de 4.000 chiens de différentes races. Leurs résultats ont révélé que 9 races, toutes apparentées au Colley, étaient également exposées à des degrés divers à cette toxicité. Ainsi, outre le Colley, le Berger allemand, le Berger australien, le Berger australien miniature, le Berger blanc suisse, le Border collie, l’English shepherd, le Longhaired whippet, le Mc Nab, le Old english sheepdog, le Shetland, le Silken windhound et le Wäller sont concernés.

Quels produits éviter ?

Les médicaments qui peuvent passer la barrière hémato-encéphalique et stagner dans le liquide céphalorachidien en cas de déficience du gène MDR sont nombreux.

ANTIPARASITAIRES. En premier lieu, tout produit contenant de l’Ivermectine est à proscrire. Cette molécule et ses dérivés se retrouvent dans les antiparasitaires (notamment dans les vermifuges). D’autres molécules contenues dans les antiparasitaires sont également toxiques pour les porteurs de la mutation du gène MDR1 (homozygotes et – à moindre échelle – hétérozygotes) : la milbemycine (contenue dans le Milbemax, souvent plébiscité par les vétérinaires), l’émodepside, la moxidectine et le spinosad. De même, éviter certains anti-diarrhéiques (contenant du lopéramide), quelques anti-vomitifs (métoclopramide et domperidone : donc en particulier les médicaments courants Primperan et Motilium)

Comment déceler la mutation ?

ALLÈLES. Le mode de transmission de la mutation du gène MDR, appelée mutation MDR1, est autosomal récessif. Ce qui signifie que la mutation se trouve sur un chromosome non sexuel (donc ni X ni Y) – un « autosome » – et que la mutation est récessive : le gène MDR doit comporter deux versions (ou allèles) mutées pour que la pompe de la barrière hémato-encéphalique dysfonctionne gravement. Un chien présentant deux allèles MDR1 sera dit homozygote.  Reste qu’un chien hétérozygote (c’est-à-dire ne comportant qu’un seul allèle muté) pourra présenter des signes d’intoxication, bien que moins prononcés que chez un homozygote et lors d’une exposition à une plus forte dose de médicaments.

TEST. La prudence est donc de mise chez les propriétaires de chiens de berger. En particulier chez les Colleys, dont un chien sur deux serait concerné par la dangereuse mutation. Un test fiable est heureusement réalisable chez le vétérinaire, pour une somme raisonnable (environ 30€).

Source : Sciences et Avenir

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